Bojangles peut attendre même très très longtemps. Par contre, courez voir Licorice Pizza avant qu’il ne disparaisse des écrans de MonCiné. Pendant deux heures trente, on croque dans le Los Angeles des années soixante-dix, avec le même appétit de vie et d’amour que les deux acteurs, parfaits débutants, épatants de naturel. Alana, jeune adulte de 25 ans, couvée par une famille juive, et Gary, adolescent boutonneux, au front mangé par une frange, culotté comme pas deux, beau parleur et enfant comédien dans une série télévisée populaire, se tournent autour, se reniflent, se provoquent, s’attirent et se rendent jaloux. Mais surtout traversent à la vitesse de leur jeunesse, l’Amérique des seventies. Le petit commerce de matelas à eau du très entreprenant teenager se dégonfle en même temps que le choc pétrolier annoncé par Nixon et les files aux pompes essence. Alana et Gary, joué par le fils du regretté Philip Seymour Hoffman acteur fétiche du réalisateur Paul Thomas Anderson, croisent des personnages aussi déjantés que le Hollywood de cette époque. Un Bradley Cooper, producteur sous acide, petit ami de Barbara Streisand, qui casse la baraque et les bagnoles quand tout l’énerve. Un Sean Penn, star sur le retour, aussi allumé que Tom Waits, un vieux complice. Les amateurs de vintage, de cols pelles à tarte, de pattes d’eph, de mini robes fleuries, de Pontiacs, de cafés à la Edward Hopper, seront aux anges, bercés par Nina Simone ou les Doors. Ah, oui, la bande son aussi est à tomber. On présage de l’oscar aux deux jeunes acteurs. Leurs personnages s’en fichent, ils s’aiment.

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